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En quoi le panafricanisme représente-t-il une porte d’entrée essentielle dans l’histoire coloniale du 20ème siècle, et surtout dans l’histoire des luttes africaines contre la colonialité ? L’idéal panafricain est-il encore d’actualité ? Peut-il représenter une arme théorique et pratique pour les luttes actuelles ?
Pourquoi le panafricanisme ?
Les dernières sorties de Macron sur la situation de la France en Afrique sont significatives et permettent de mettre en lumière l’importance et l’actualité des réflexions anticoloniales et panafricaines, afin de comprendre les enjeux sous-jacents. Dans le cas de l’impérialisme français, les 80 ans du massacre de Thiaroye, la lutte pour l’indépendance de la Kanaky, le contexte économique et social de Mayotte et les révoltes en Martinique sont autant de cas qu’une vision panafricaine éclaire d’un nouveau jour. D’un point de vue strictement national et métropolitain, l’histoire de l’immigration et des relations néocoloniales que la France a entretenues avec ses anciennes colonies africaines sont des bases de réflexions pour penser la lutte antiraciste sur le territoire. De nombreux exemples de mouvements panafricains mériteraient d’être réintroduits dans les luttes qui s’imposent à nouveau face à la montée du fascisme partout dans le monde.
Du point de vue de l’histoire de la colonisation et des décolonisations, le panafricanisme est une notion centrale, ayant consisté en un projet politique internationaliste de grande ampleur, aussi bien théorique que pratique. Des penseurs du continent africain aussi importants que Cheikh Anta Diop, Kwamé Nkrumah, mais aussi de grands théoriciens et militants afro-américains, comme W.E.B Du Bois, en ont fait un mot d’ordre mondial extrêmement discuté en Afrique (aussi bien en Afrique subsaharienne qu’en Afrique du Nord), mais aussi dans toutes les diasporas africaines.
On a pu cependant considérer le panafricanisme comme faisant partie d’un passé révolu, et ce notamment du fait de la subsistance du colonialisme sous des formes renouvelées après les indépendances politiques africaines, ainsi que des nationalismes africains ayant tendu à effacer le projet d’unification en quoi consistait le projet panafricain.
Néanmoins, il semble qu’on assiste ces dernières années à un renouveau du panafricanisme, à un regain d’intérêt pour un projet politique qui semble continuer à représenter un idéal révolutionnaire vivace. Ce retour sur le devant de la scène, toutefois, n’est pas sans désaccords, dissensus et discordances. On a par exemple vu un « panafricanisme souverainiste » (pour qualifier les politiques mises en œuvre par le Mali, le Burkina Faso ou le Niger) être opposé à un « panafricanisme de gauche » (Sénégal).
Qu’est-ce qu’un arpentage ?
Une pratique de lecture et de discussion collective qui vient des mouvements ouvriers. L’idée, c’est de se répartir les chapitres d’un livre, pour en lire chacun.e un. Dans un deuxième temps, on se partage le contenu de ce qui nous a intéressé. Ensemble, on peut prendre connaissance d’assez gros bouquins très rapidement. Le mood c’est aussi de désacraliser le mythe du gros livre compliqué, d’en arracher les chapitres pour se partager les armes critiques qu’on peut y trouver, de voir ce qu’on peut en faire dans nos luttes.
On part du principe que les dimensions autonomes et indépendantes de ces lectures collectives/arpentages ont leur importance dans les cadres théoriques actuels où les questions coloniales et a fortiori panafricaines n’occupent que peu de place : il y a un besoin essentiel de se réapproprier les savoirs sur des épisodes constitutifs de nos sociétés ; et de ne pas en faire une niche des milieux universitaires.
Le but d’un tel groupe de lecture est donc de permettre à TOUT LE MONDE qui souhaite y participer (le travail d’inclusion est ici à comprendre dans un sens positif, non pas seulement comme le rejet d’une exclusion qui irait de soi) de se familiariser avec des notions de bases du panafricanisme, de l’anticolonialisme et de l’antiracisme. Cette démarche implique donc la diffusion du groupe dans des cercles extérieurs à l’université.