Ciné critique proposé
par la Ligue des Droits de l’homme,
Projection du documentaire
« Les mots de la fin » (2020)
réalisé par Gaëlle Hardy et Agnès Lejeune,
En présence du Docteur Damas, du service « Fin de vie » de l’hôpital de Liège et de Tatiana Grundler, co-responsable du groupe de travail Santé et bioéthique de la Ligue des droits de l’Homme.
À la consultation « fin de vie » de l’hôpital public de Liège, des patients font part au docteur Damas de leur désir d’en finir avec les souffrances morales ou physiques. Un documentaire éclairant et poignant sur l’euthanasie.
Depuis 2002, la Belgique s’est dotée d’une loi sur le droit des patients à disposer d’eux-mêmes et à demander l’euthanasie. Depuis, des hôpitaux ont ouvert une consultation « fin de vie ». C’est le cas du CHR de la Citadelle de Liège où François Damas, médecin intensiviste (spécialiste en médecine intensive), reçoit des patients gravement malades ou en grande souffrance morale, qui ne souhaitent plus continuer à vivre. Il les écoute et les questionne, afin de mesurer leur détermination, leur état de santé, leur degré de lassitude, la façon dont ils ont mûri leur réflexion et dont ils y ont préparé leurs proches. Un contingent non négligeable d’entre eux vient de France, où l’euthanasie n’est pas autorisée. « Qu’est-ce que j’en veux à mon pays de ne pas le faire ! », s’exclame un homme atteint de sclérose en plaques, qui déclare souffrir en permanence, et dont on suivra jusqu’au bout, à distance respectueuse, le cheminement vers la mort.
Une détresse entendue
Filmé en plans fixes, en un champ-contrechamp aussi délicat qu’implacable, ce documentaire capte les cruciaux « mots de la fin » entre les patients qui ont choisi de mourir et le médecin chargé de délivrer, ou non, un avis favorable. Celui-ci doit être convaincu que l’euthanasie « est le meilleur dernier service à leur rendre », d’autant qu’il lui incombera d’administrer, à l’issue d’un strict protocole, la substance létale. Au cours d’un dialogue sans faux-fuyants mais d’une grande douceur, le docteur Damas s’efforce de montrer aux patients que leur détresse a été entendue, quel que soit l’avis qu’il rendra à la fin. Ces séquences d’entretien sont ponctuées par les réunions interdisciplinaires permettant aux médecins d’échanger, de prendre collégialement des décisions et d’exprimer leurs questionnements. Faut-il accéder aux demandes de patients dont la maladie est mal prise en charge dans leur pays ? Quid des personnes âgées qui en viennent à souhaiter la mort car la société les considère comme « inutiles » ? Au côté d’un médecin d’une rigueur et d’une empathie extraordinaires, ce documentaire poignant montre à la fois le déroulement concret de l’euthanasie, assez semblable à celui de l’anesthésie générale précédant une opération, les nombreux garde-fous qu’elle nécessite, et le chaleureux accompagnement des proches et du personnel soignant qu’implique une mort choisie.