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Apéro critique en présence de Robi Morder, politiste, à propos de « Une autre révolution ? (1963-1965) » de Mohammed Harbi (Syllepse)
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et de Catherine Simon, journaliste, auteure de « Algérie, les années pieds-rouges » (La Découverte)
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1962-1969 : Révolution et autogestion en Algérie !
L’année 1962 clôt 8 années de guerre, de répression et de tortures et fait accéder l’Algérie à l’indépendance tant rêvée après 130 de colonisation et de spoliation de tout un peuple.
Mais que se passe t’il après le départ de l’armée d’occupation et que les derniers bateaux des pieds noirs ont disparus de l’horizon, délaissant des centaines de milliers d’hectares de terres et des centaines d’entreprises derrière eux ? Quels sont les espoirs de ces années-là , qui résonnaient des mots de révolution, de socialisme, d’autogestion ?
Dans l’enthousiasme de l’élan indépendantiste et émancipateur, des paysans et travailleurs s’emparent de ces terres et ces entreprises vacantes et créent des comités de gestion pour garantir leur fonctionnement, assurer les récoltes pour nourrir la jeune nation et relancer la production.
Reconnaissant officiellement cette situation, le nouveau gouvernement promulgue plusieurs décrets en mars 1963 : la gestion des biens déclarés vacants et des biens « anormalement exploités » sera assurée par les travailleurs. Le gouvernement de Ben Bella officialise l’autogestion sous la responsabilité de Mohammed Harbi, qui mobilise militants et chercheurs, algériens et français pieds rouges.
Les pieds-rouges ce sont ces occidentaux, souvent français, médecins, instituteur-es, artistes ou journalistes venus soutenir l’indépendance de la jeune nation et appuyer la sortie de la nuit coloniale, ou qui rêvent de révolution mondiale, dans une perspective tiers-mondiste.
Le coup d’Etat de Houari Boumediene du 19 juin 1965 signe la fin programmée de ces expériences. La puissance de l’élan émancipateur initial continue pourtant de résonner jusqu’au festival panafricain d’Alger en 1969, faisant culminer cette ville dans son statut de capitale de la révolution.
Les résistances de l’armée et de la nouvelle classe dominante, qui s’octroient une bonne partie des terres et des entreprises avec la complicité de l’administration, auront raison de cette poussée vers un socialisme autogestionnaire, qui portait en germe la possibilité d’un autre devenir de l’indépendance algérienne, d’une révolution dans la révolution. .
Parmi les multiples évènements célébrant les 60 ans de cette indépendance, il était incontournable de prendre le temps de se pencher sur l’expérience autogestionnaire et celle de ces véritables brigades de soutien à l’indépendance qu’ont constitué les pieds-rouges, au milieu du foisonnement révolutionnaire qui s’élance en 1962, année pourtant souvent déplorée renvoyant aux luttes fratricides au sein du FLN.
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